TRIBUNE – A Quoi Joue L’Europe En Tunisie ?
Tawfik BOURGOU
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Que la Tunisie expulse les clandestins sur son sol, c’est le devoir de ses autorités de ne pas se laisser submerger et devenir une Somalie de l’Afrique du Nord
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Ce que Monsieur Borell oublie de dire est que le Parlement européen, comme les institutions européennes, ont une proximité avec les frères musulmans
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L’UE a fait pression sur Béji Caïd Essebsi pour construire la coalition des contraires ou le «tawafook» en faisait miroiter des plans colossaux d’investissements qui ne sont jamais venus
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La focalisation sur la Tunisie trahit certainement un jeu de lobbys. D’ailleurs le «Qatargate» le rappelle dramatiquement dans le cas du Parlement Européen
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Le pays s’est trouvé aujourd’hui l’otage des réseaux de migrants, des ONG payées sur fonds européens, de l’aide européenne et des couffins du Qatar
TUNIS – UNIVERSNEWS Monsieur Josep Borrell Fontelles est hispano-argentin du PSOE, mais surtout représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Monsieur Tajani est le ministre italien des affaires étrangères, Madame Johannsen Commissaire aux affaires intérieures de l’Union Européenne, ce trio en plus du parlement européen, sont les architectes actuels de ce qui va être la position finale de l’Union Européenne vis-à-vis de la Tunisie.
Cette position confine au diktat, on ne peut pas trouver un terme plus adéquat.
Avec ce trio, la Tunisie a un triste privilège d’avoir deux responsables européens et un ministre d’un Etat membre, tellement concentrés sur le cas tunisien qu’on pourrait croire que la Tunisie est un Etat membre de l’UE, ce qu’elle n’est pas et ne le sera jamais.
Que veut l’Union Européenne de ce pays qu’elle a déclaré «partenaire stratégique» sans qu’on sache à quel niveau de «stratégie», depuis quand et à quelle hauteur ? Qui a signé parmi les responsables tunisiens un accord stratégique avec l’UE ?
Ce sont des données simples que les Européens invoquent dans la langue de la diplomatie sans la précision nécessaire. L’ambassadeur de l’UE à Tunis devrait éclairer la lanterne des Tunisiens sur le partenariat stratégique : combien, depuis quand, au profit de quoi, où sont dépensés les fonds, qui en bénéficie, quelles associations, ONG, organismes d’Etats ?
Dans l’attente d’une précision, nous pensons qu’aux yeux de Madame Johannsen, de Monsieur Tajani, la Tunisie doit être et sera un lieu de stockage de migrants non-tunisiens, arrivés sur le sol européen, sans passer par la Tunisie, mais qu’on cherche à implanter en Tunisie, comme s’il s’agit d’une colonie de peuplement.
Sans un démenti officiel de la part des responsables européens, on peut considérer cela comme un projet, d’autant plus que leurs déclarations vont dans ce sens. Il suffit de remonter en trois langues, les déclarations de tous les responsables européens.
Que la Tunisie réadmette ses enfants, cela est son devoir, qu’elle stoppe l’immigration de ses enfants vers l’Europe, c’est aussi son devoir, qu’elle interdise son territoire aux réseaux subsahariens dont certains sont en lien avec les mafias italiennes et nigérianes, c’est une obligation pour les autorités tunisiennes, c’est leur devoir vis-à-vis de leur population. Que la Tunisie expulse les clandestins sur son sol, c’est aussi le devoir de ses autorités de ne pas se laisser submerger et devenir une Somalie de l’Afrique du Nord.
Que la Tunisie devienne un dépotoir, ce que l’UE semble lui destiner comme fonction et raison, en contrepartie d’une coopération quelconque, cela n’est pas admissible, c’est tout simplement l’équivalent de la convention du Bardo et de la Marsa de 1881 qui se profile.
Les Tunisiens doivent se préparer à combattre un tel diktat.
Quant à Monsieur Borrell Fontelles, il s’est distingué par une déclaration sur (nous citons) «l’effondrement de la Tunisie». Il partage son alarmisme avec Monsieur Tajani. On sait par ailleurs, que Monsieur Borrell ne porte pas dans son cœur l’actuel président de la république, c’est son droit, le concerné saura se défendre, nous n’avons pas voté pour lui, nous ne sommes pas du même bord politique du président, ni de celui de Monsieur Borelli au passage.
Ce que Monsieur Borell oublie de dire est que le Parlement européen, comme les institutions européennes, ont une proximité avec les frères musulmans, spécifiquement, concernant la Tunisie.
Pour rappel, la déclaration de l’UE au lendemain des élections de 2014 en Tunisie, avec le responsable de la politique étrangère de l’époque qui déclarait -nous citons- : « L’Union Européenne s’inquiète de l’éviction possible du parti islamiste du pouvoir».
Pour rafraîchir la mémoire à Monsieur Borrell et à d’autres, en 2014 Ennahdha est arrivée deuxième et Nidaa Tounès premier. On connait la suite, l’UE a fait pression sur Béji Caïd Essebsi pour construire la coalition des contraires ou le «tawafook» en faisait miroiter des plans colossaux d’investissements et autres fariboles qui ne sont jamais venus.
Mais avant 2014, qui a imposé Mehdi Jomaa, un sombre inconnu, n’est-ce pas l’Ambassadeur d’Allemagne à la faveur d’un « keftaji » dans les souks ? On connait la suite.
Nous remarquons que le parlement européen dont la proximité avec le Qatar semble forte, avec d’autres pays d’ailleurs, comme le Maroc, a plus la langue dure avec la Tunisie, comme s’il s’agissait d’un Etat membre. Certes, la situation des droits en Tunisie n’est pas plus ou moins exemplaire qu’ailleurs, mais la focalisation sur la Tunisie trahit certainement un jeu de lobbys. D’ailleurs le «Qatargate» le rappelle dramatiquement dans le cas du Parlement Européen.
Qu’a fait la Tunisie pour devenir un tel enjeu, un bout de trottoir ou même un paillasson sur lequel s’essuient responsables africains et responsables européens ?
La faute incombe aux Tunisiens. La faute est d’avoir ouvert leurs frontières et n’avoir pas été en capacité d’éradiquer l’immigration clandestine depuis leur sol et à travers leur territoire. Certains idiots continuent de croire qu’ils obtiendront des aides européennes en jouant sur les flux vers l’Europe.
C’est ainsi que le pays s’est trouvé aujourd’hui l’otage des réseaux de migrants, des ONG payées sur fonds européens, de l’aide européenne et des couffins du Qatar. Voilà ce à quoi peut aussi conduire la diplomatie de la tête basse et de la main tendue.
Tawfik BOURGOU
Politologue