Santé mentale: Quel traitement médiatique?

Santé mentale: Quel traitement médiatique?


TUNIS – UNIVERSNEWS – Le traitement médiatique de la santé mentale suscite le débat aussi bien chez les professionnels de la santé et de la prévention que chez ceux des médias. Les troubles psychiatriques restent assez mal connus et les médias en particulier les grands médias généralistes. Elles constituent souvent une source d’information importante pour les publics. Cependant, les mutations techniques et numériques réinventent non seulement les usages et les pratiques professionnelles, mais aussi les modes de relations entre supports et utilisateurs, et posent, avec une nouvelle acuité, la question du rôle du journaliste. Autrement dit, comment les médias, aujourd’hui, parlent-ils de la santé mentale et de la souffrance psychique, des personnes atteintes de troubles mentaux et quelles images la presse renvoie-t-elle de la psychiatrie en général et de la prise en charge de telles maladies ?

La “Stratégie nationale multisectorielle pour la santé mentale à l’horizon 2030”. Tel est le thème d’un atelier de travail organisé par le ministère de la santé à l’intention d’un groupe de représentants des médias, en présence d’experts, de médecins et psychologues.

De l’influence médiatique sur la (dé)stigmatisation en santé mentale

Depuis les années 40, les chercheurs se sont penchés sur la stigmatisation que subissent les personnes atteintes de maladie mentale. Bien que le degré de connaissances des gens se soit progressivement amélioré au fil des décennies, il semble que les préjugés à l’égard de la maladie mentale ont augmenté, notamment en ce qui concerne la perception à l’égard des comportements violents. La stigmatisation, qui est en grande partie attribuée aux médias, se répercute sur de nombreux aspects de la vie d’une personne. Cette stigmatisation devient même un des facteurs qui dissuadent le plus les individus ayant des problèmes de santé mentale de chercher de l’aide. De plus, le pouvoir de persuasion des médias aidant, la stigmatisation rend inutile bon nombre d’initiatives prises dans le domaine de la santé mentale.

Des mois, parfois même des années, passés à briser les stéréotypes se retrouvent balayés par une suite de déclarations médiatiques. La stigmatisation devient par là le comble de la souffrance. Les personnes en souffrance mentale endossent régulièrement le rôle de boucs émissaires, formant par là un groupe dominé. Si les médias peuvent entretenir les préjugés, ils peuvent aussi aider à renverser la tendance en corrigeant les idées fausses et injustes à l’égard de la maladie mentale. Pour ce faire, ils doivent offrir des renseignements exacts et plus positifs et diffuser plus souvent des reportages au sujet des gens qui réussissent à gérer leur maladie et mener une vie normale, ou qui se sont rétablis. Et, bien sûr, ils doivent se défaire de leur habitude d’utiliser des manchettes sensationnalistes qui renforcent les préjugés à l’égard des personnes atteintes d’une maladie mentale. C’est là l’enjeu d’une réelle collaboration entre les groupes stigmatisés et les médias d’informations. Au-delà d’une simple collaboration, il s’agirait même d’envisager celle-ci sous l’angle d’une co-production. C’est peut-être là la seule manière pour les journalistes de casser les images stigmatisantes qu’ils véhiculent parfois malgré eux.

Un guide pour aider les médias

Un groupe composé de professionnels, de proches et d’usagers de la santé mentale a analysé la manière dont les médias abordent les questions de santé mentale, utilisent le vocabulaire propre au secteur et, enfin, comment le discours médiatique peut alimenter la stigmatisation. De ces analyses sont nés un guide et un lexique à destination des journalistes. Non normative et visant à amorcer un processus de déstigmatisation, cette publication propose une aide à la réflexion et au traitement journalistique des questions de santé mentale. Selon Jean-Luc Roelandt, expert en stratégies de santé mentale à l’OMS, un guide pour les médias sera élaboré en Tunisie, dans le cadre de cette stratégie sur le traitement médiatique de la santé mentale selon une approche des droits de l’homme et qui encourage les journalistes à effectuer une couverture médiatique équilibrée permettant de sensibiliser les citoyens et de comprendre la thématique de la santé mentale. A ce propos, il a souligné que la lutte contre la stigmatisation des pathologies mentales à travers l’information, l’éducation et la communication figure parmi les priorités de l’OMS en matière de santé mentale. Il a relevé que les médias jouent un rôle crucial influençant la perception publique, la compréhension et même les politiques. Ils peuvent contribuer à sensibiliser, éduquer et réduire la stigmatisation associée aux troubles mentaux. Il est essentiel que les médias abordent ces sujets avec responsabilité, en évitant le sensationnel et en favorisant une compréhension nuancée, a-t-il expliqué.

M.S.





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