L’anxiété du Nouvel An, un syndrome auquel il est difficile de faire face

L’anxiété du Nouvel An, un syndrome auquel il est difficile de faire face


L’anxiété du Nouvel An, un syndrome auquel il est difficile de faire face | Univers News
  • Un sentiment de malaise affectant l’humeur de la personne, lui ôtant le plaisir de savourer l’instant
  • Une expérience multifactorielle, sans causes spécifiques, car elle varie d’un individu à l’autre en fonction de son histoire, de son vécu et de sa personnalité
  • Il est donc fortement recommandé de transcrire ses sentiments en des mots et de les partager avec quelqu’un de confiance
  • Essayer d’éviter les comparaisons excessives avec autrui et se concentrer sur sa propre croissance personnelle plutôt que sur des normes externes
  • Pour ceux envisageant des changements significatifs, une planification progressive est recommandée, en divisant les objectifs en étapes réalisables
  • L’importance des sorties en plein air et du contact avec la nature pour la santé mentale ne doivent pas être négligés

Interview et explications du psychologue Tarek Saïdi

TUNIS – UNIVERSNEWS (Nat) – Quelques jours nous séparent du Nouvel An. Certains commencent à se sentir submergés par le stress. Un syndrome plus communément appelé « l’anxiété du Nouvel An », auquel il n’est pas facile de faire face. Mais qui n’est toutefois pas insurmontable. Mais quelles sont les causes de ces angoisses générées par la nouvelle année et comment y faire face ? Explications du psychologue Tarek Saïdi.

  • Universnews: Comment l’anxiété liée au Nouvel An se manifeste-t-elle chez certaines personnes ?

Tarek Saïdi: L’anxiété liée au Nouvel An ne constitue pas un diagnostic psychologique à part entière. Il s’agit plutôt d’une manifestation psychosociale observée chez certaines personnes. On peut également la constater lors d’autres célébrations festives telles que les fêtes de fin d’année et les anniversaires. Cette anxiété se caractérise par un sentiment de malaise affectant l’humeur de la personne, lui ôtant le plaisir de savourer l’instant. Elle présente des similitudes avec une manifestation anxieuse-dépressive, bien qu’elle ne réponde pas aux critères diagnostiques d’un trouble psychologique. En conséquence, elle est considérée comme une difficulté psychologique plutôt qu’un trouble, car elle n’a pas de symptômes excessifs et demeure transitoire. Les manifestations de cette anxiété se traduisent principalement par un sentiment d’inconfort, de malaise, parfois de peur, de nervosité, d’irritabilité, de retrait social, de difficultés de sommeil, et par des comportements dysfonctionnels tels qu’une augmentation de la consommation de tabac ou d’alcool, etc.

  • Quelles sont les causes qui peuvent être sous-jacentes ?

L’anxiété liée au Nouvel An est une expérience multifactorielle, sans causes spécifiques, car elle varie d’un individu à l’autre en fonction de son histoire, de son vécu et de sa personnalité. Cependant, certaines causes générales peuvent être évoquées. Par exemple, les souvenirs liés à des événements traumatiques antérieurs, tels qu’une déception amoureuse, une perte ou l’annonce d’une maladie, peuvent ressurgir. Une personne ayant vécu un tel événement pendant une occasion festive peut associer des sentiments négatifs à toutes les futures célébrations, créant ainsi un biais cognitif de généralisation.

D’autre part, il y a une cause existentielle liée au début du Nouvel An, incitant chacun à évaluer et comparer ses attentes avec la réalité. Cette comparaison peut conduire à une confrontation avec la réalité, générant frustration, manque de confiance en soi et mésestime de soi. Certains individus anxieux considèrent également le Nouvel An comme une approche de la fin de la vie, suscitant une anxiété accrue.

Certains ont une particularité psychologique les rendant sensibles aux périodes transitoires entre la fin et le début. Le mois de décembre comme symbolisé par l’auteur égyptien Ahmed Khaled Taoufik, c’est « l’odeur de la fin mélangée à l’odeur du début. C’est le sentiment que la mauvaise phase est sur le point de se terminer, un sentiment négatif à toutes les futures célébrations, créant ainsi un biais cognitif de généralisation. D’autre part, il y a une cause existentielle liée au début du Nouvel An, incitant chacun à évaluer et comparer ses attentes avec la réalité. Cette comparaison peut conduire à une confrontation avec la réalité, générant frustration, manque de confiance en soi et mésestime de soi. «C’est le faux espoir que les choses changeront avec sa fin ». Pour certaines personnes, cette phase transitoire symbolise la rupture, la séparation ou la perte, engendrant une peur de l’inconnu associé au nouveau « début ».

  • Pouvez-vous expliquer comment les attentes sociales et personnelles associées à la célébration du Nouvel An peuvent contribuer à l’anxiété ?

Effectivement, les attentes, bien qu’elles puissent être motivantes et bénéfiques dans certains cas, peuvent parfois devenir une source d’anxiété, générant un état de malaise chez la personne. Ce malaise découle souvent d’un processus mental qui se déroule parfois de manière inconsciente, où le sujet estime qu’il n’est pas capable d’atteindre ses objectifs, attentes, ambitions ou les exigences de la vie qui l’attendent pendant le Nouvel An. Cette auto-évaluation négative engendre de l’anxiété et entrave les efforts de la personne pour réaliser ses projets L’anxiété peut être exacerbée par les attentes familiales et sociales, soulignant ainsi l’importance de l’environnement du sujet. Cet environnement peut soit faciliter le cheminement de la personne en lui apportant un soutien, soit devenir un obstacle, plongeant la personne dans un sentiment d’incapacité et de désespoir, aggravant ainsi la manifestation anxieuse, notamment en lien avec le Nouvel An. L’influence de l’environnement social et familial joue un rôle crucial dans la manière dont l’anxiété liée aux attentes se manifeste chez chaque individu.

  • Quelles stratégies peuvent être mises en place pour gérer cette anxiété de manière saine ?

Certainement, il existe des stratégies qui peuvent contribuer au bien-être psychologique de la personne. Tout d’abord, il est essentiel de comprendre que ressentir parfois un malaise ou de l’anxiété est parfaitement normal, étant des sentiments humains. L’élément clé est que ces sentiments ne persistent pas longtemps et n’influencent pas significativement la qualité de vie de la personne. La tolérance envers soi-même est fondamentale, et l’autocompassion joue un rôle crucial.

  • Se montrer bienveillant envers soi-même et reconnaître que personne n’est parfait permet d’atténuer la pression auto-imposée.

De plus, plutôt que de fixer des attentes ambitieuses, il est recommandé d’établir des objectifs réalistes et atteignables. Identifier des étapes réalisables vers des changements significatifs facilite une progression graduelle, permettant ainsi la réalisation progressive des aspirations. En outre, essayer d’éviter les comparaisons excessives avec autrui et se concentrer sur sa propre croissance personnelle plutôt que sur des normes externes, contribue à une attitude plus positive. Si la personne éprouve des sentiments désagréables, la répression et le retrait peuvent les amplifier.

Il est donc fortement recommandé de transcrire ses sentiments en des mots et de les partager avec quelqu’un de confiance. Néanmoins, en l’absence d’un un proche qui peut jouer le rôle de soutien, demander de l’aide à un spécialiste de la santé mentale peut avoir un impact très positif. De surcroît, prendre du recul et réfléchir de manière objective aux réalisations et aux défis de l’année écoulée est bénéfique, mais il est important d’éviter les comparaisons excessives avec autrui, de se fixer des objectifs réalistes et de se concentrer sur le processus plutôt que sur le résultat final. Pour ceux envisageant des changements significatifs, une planification progressive est recommandée, en divisant les objectifs en étapes réalisables pour rendre le processus plus gérable et moins stressant. En outre, le vide peut être un amplificateur de l’anxiété, il est donc crucial de le combattre par des comportements sains tels que des activités spirituelles, sportives, culturelles et artistiques. Enfin, l’importance des sorties en plein air et du contact avec la nature pour la santé mentale ne doit pas être négligée.

M.S.





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