DOSSIER : Nos écoles se mettront-elles au régime… de la séance unique??!!!
TUNIS – UNIVERSNEWS (NAT) – L’aménagement du temps scolaire est un sujet récurrent et d’actualité. Pourtant, l’école est un lieu de vie où les enfants passent la majorité de leur temps. Le rythme scolaire connaît actuellement de grands remous dans l’opinion publique. Que ce soit le Ministre de l’Éducation Nationale, les syndicats, les médias, les parents d’élèves, les élèves… Tous convergent ou divergent sur cette question qui fait tant polémique. L’aménagement actuel du temps scolaire et des horaires dans les écoles permet-il de répondre adéquatement aux besoins d’apprentissage des élèves ainsi qu’aux nouveaux besoins de formation qu’impose une société en changement ? Mais, est-il possible de faire en sorte que les rythmes scolaires collent mieux aux besoins des enfants, des parents et de tous les acteurs de l’école dans un futur proche. Le ministre de l’Education nationale Mohamed Ali Boughdiri a annoncé, récemment, que le ministère œuvre à mettre en place le régime de la séance unique pour les élèves, et ce, dans le cadre de la réforme du système éducatif et après la mise en place du Conseil supérieur de l’Éducation. Pour rappel, à Médenine, trois établissements éducatifs ont déjà adopté ce régime pour une séance de 8h à 14h ce qui a permis aux élèves d’être disponibles l’après-midi pour d’autres activités culturelles et sportives.
Il est vrai que les élèves tunisiens subissent des journées plus longues et plus chargées que la plupart des autres élèves dans le monde. Or cette extrême concentration du temps d’enseignement, est inadaptée et préjudiciable aux apprentissages. Elle est source de fatigue et de difficultés scolaires. Ce qui pose problème aujourd’hui est la fatigabilité des enfants. Si les enfants passent moins de temps à l’école qu’il y a trente ans, leur journée est souvent plus longue. Il faut différencier temps scolaire et temps de l’enfant. La journée de l’enfant commence de plus en plus tôt. Les horaires des salariés se modifiant, on modifie de fait les horaires des enfants. Les parents n’ont plus forcément un travail de proximité, le temps de transport s’est donc allongé. Les enfants sont levés plus tôt et couchés plus tard. On peut déplorer que certains petits soient debout à 6 heures et couchés après 22 heures. Les enfants n’ont plus leur compte de sommeil. Ils ne sont pas attentifs toute la journée… Les travaux menés en chronobiologie sur la vigilance montrent que l’attention progresse du début de matinée jusqu’en fin de matinée, puis s’infléchit de 12 h à 14 h 30 et progresse à nouveau. Mieux vaut une bonne matinée de cours, suivie d’une partie de l’après-midi consacrée à d’autres activités péri-éducatives (artistiques, culturelles et sportives). Ces dernières permettent aussi aux enfants, mais sous une autre forme, de développer leurs fonctions exécutives et l’estime de soi.
Mieux répartir les heures de classe sur la semaine
La réforme des rythmes scolaires vise à mieux répartir les heures de classe sur la semaine, à alléger la journée de classe et à programmer les enseignements à des moments où la faculté de concentration des élèves est la plus« Il faut absolument diminuer la durée des journées scolaires tout en les réorganisant pour que les plages pédagogiques de grande exigence intellectuelle coïncident mieux avec les temps forts de la vigilance, de l’attention, de la réceptivité, de la disponibilité et des capacités intellectuelles nécessaires au traitement et à la mémorisation des informations. » précise Samia enseignante
L’organisation du temps à l’école devrait prochainement connaître des modifications importantes. Le premier principe repose sur un meilleur respect des rythmes des enfants. En un siècle, les rythmes scolaires ont peu changé. La société, elle, s’est profondément modifiée, avec de nombreux effets sur la vie des individus et des familles. En parallèle, les recherches sur les rythmes biologiques et psychologiques sont apparues et ne cessent de s’affiner. L’organisation du calendrier annuel, de la semaine et de la journée scolaire ont des conséquences sur l’état de forme de l’apprenant et sur sa capacité à assimiler et à retenir les apprentissages. Or, en l’état actuel, l’élève fait face à un programme éducatif si lourd et surchargé. Les élèves ont un très mauvais emploi du temps. Il y a beaucoup de creux entre les heures de cours, ce qui a pour effet de rallonger des journées qui commencent à 8h00 pour se terminer à 18h00. « Les élèves restent à l’extérieur entre deux cours et c’est épuisant. Comme cette journée du lundi où il y a deux heures creuses pendant l’après-midi. Les élèves commencent à 14h00 puis reprennent les cours de 17h00 à 18h00. Il n’y a pas de salle de permanence où ils peuvent réviser leurs cours et ils sont obligés de poireauter à l’extérieur», raconte cette mère en colère. «Les élèves ne font rien au cours de ces heures creuses. Cela représente une perte d’énergie et de temps pour eux», observe un professeur de français. D’ailleurs, certains élèves finissent par s’absenter ou se faire exclure pour ne pas rester toute la journée au lycée», explique-t-il. D’où il est bon de réviser le temps scolaire, en tant que souci partagé. Mais cela ne signifie pas forcément une réduction du nombre d’heures d’enseignement. Il s’agit plutôt d’une bonne gestion du temps et son adaptation aux autres activités vitales censées nécessaires à l’épanouissement de l’enfant. L’animation de la vie scolaire a toujours été le parent pauvre, alors que l’élève du primaire ne peut guère s’en passer. La vie scolaire n’est pas seulement un complément, mais une partie intégrante de la réforme de l‘école.
Suivre l’exemple de l’Europe
Les nouveaux rythmes scolaires ont donc, avant tout, un objectif pédagogique : mettre en place une organisation du temps scolaire plus respectueuse des rythmes naturels d’apprentissage et de repos des enfants afin de favoriser la réussite de tous à l’école primaire. Les nouveaux rythmes scolaires conduiront ainsi à une meilleure répartition des heures de classe sur la semaine, à un allègement de la journée de classe de 45 minutes en moyenne et à la programmation des séquences d’enseignement aux moments où la faculté de concentration des élèves est la plus grande. Ils permettent également une meilleure articulation des temps scolaire et périscolaire : les élèves peuvent accéder à des activités culturelles, artistiques ou sportives. Il faudrait revenir à une semaine de 5 jours et avoir une approche globale du temps de l’enfant prenant en compte la nature des trois temps qui composent les 24 heures de la journée, à savoir les temps familiaux, les temps scolaires et les temps récréatifs, sociaux, associatifs, sportifs, artistiques, culturels passés en dehors de la famille et de l‘École.
En Allemagne, en Finlande et en Espagne, les élèves ne sont à l’école que cinq heures chaque jour. La Grande-Bretagne est un peu plus proche de la France avec une moyenne comprise entre cinq heures et cinq heures trente. La Finlande demeure le pays champion d’Europe concernant le rythme scolaire. Le rythme des journées s’organise de la façon suivante en Finlande: Du lundi au vendredi, leurs journées commencent à 8h et se terminent à 13h, 14h, ou 15h exceptionnellement en cas d’option. Les cours durent 45 minutes et les récréations 15 minutes. La pause-déjeuner est de 30 minutes. Les vacances d’été commencent fin mai et se terminent vers la mi-août (entre 10 et 11 semaines). Les élèves norvégiens possèdent presque les mêmes journées que les Finlandais. Ils ont 5 jours d’école par semaine. Les cours de l’école primaire ont lieu de 8h à 15h voire 16h et durent 1h30mn avec une pause méridienne de 45mn. Toutes les matières sont au même niveau. Le sport est pratiqué intensément en dehors des cours. En effet, après l’école, 80% des Norvégiens terminent leur journée en se rendant dans des centres municipaux où ils peuvent faire leurs devoirs, pratiquer du sport ou d’autres activités artistiques.
Plus d’activités périscolaires
Les améliorations à apporter dans ce domaine sont à présent bien connues et concernent les aspects suivants : une alternance plus équilibrée des périodes de classe et de congé sur l’année scolaire, une réduction du temps scolaire sur la journée, une programmation d’activités périscolaires nécessaires à l’épanouissement de l’enfant. L’animation de la vie scolaire a toujours été le parent pauvre, alors que l’élève du primaire ne peut guère s’en passer. La vie scolaire n’est pas seulement un complément, mais une partie intégrante de la réforme de l‘école. Nul n’ignore le rôle joué par les clubs (pédagogiques, culturels, artistiques, scientifiques, sportifs…) dans la dynamisation de la vie scolaire et l’instauration des nouvelles bases de l’école de demain telles qu’elles sont définies dans la réforme du système éducatif. Le problème est que la majorité des élèves ne fréquentent plus ces clubs scolaires, censés être des espaces de divertissement, de contacts, d’affinement du goût et d’adoucissement des mœurs et ce, à travers les différentes activités assurées par ces clubs qui leur permettent également de pratiquer leurs loisirs et de suivre leur vocation. Tous les directeurs des collèges et des lycées interrogés sur ce sujet reconnaissent que les élèves y adhèrent de moins en moins pour plusieurs raisons selon eux. D’abord, les emplois du temps, devenus trop chargés d’autant plus que plusieurs matières sont enseignées par groupes, ce qui a rendu les emplois du temps plus chargés. Ensuite, il faut dire que les cours particuliers suivis en dehors des établissements empêchent beaucoup d’élèves de participer aux différents clubs scolaires, étant donné que l’horaire imparti à ces clubs coïncide souvent avec le temps consacré aux différents cours particuliers, à savoir, les après-midis de vendredi et samedi. « Les emplois du temps sont trop chargés. Les élèves passent tout leur temps en classe. Ils ne trouvent même pas le temps de pratiquer une activité qui leur permet de se défouler, d’être créatif, d’évacuer le trop plein de stress… Au lieu de leur faire aimer l’école, nous avons obtenu l’effet inverse. Nous sommes face à des élèves qui détestent l’école et il faut changer cela». Souligne Nehla, enseignante dans un collège
M.S.