Chokri Rezgui (vice-président de l’UTAP): «La résolution de la crise agricole est toujours possible»

Chokri Rezgui (vice-président de l’UTAP): «La résolution de la crise agricole est toujours possible»


TUNIS – UNIVERSNEWS Le dérèglement climatique fait peser sur les productions agricoles des risques de pertes de plus en plus importants. Comment réussir à se prémunir contre des risques climatiques ? Comment protéger de manière efficace ses cultures ou son élevage et la pérennité économique de son exploitation ? Face à ces enjeux, Chokri Rezgui vice-président de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) alerte sur cette crise et appelle à la nécessité de soutenir les producteurs avant de céder aux difficultés liées au coût élevé des aliments pour bétail et à la rareté de l’eau

  • Universnews: Quelles sont les répercussions de la sécheresse sur l’agriculture tunisienne ? 

Chokri Rezgui: L’impact de la sécheresse se fait de plus en plus sentir sur l’agriculture et notre pays, comme par ailleurs beaucoup d’autres dans le monde, subit de plein fouet les effets dévastateurs du stress hydrique. Le constat est alarmant. La Tunisie connaît l’une des pires années de déficit pluviométrique. Elle est confrontée à une sécheresse inédite. La Tunisie dépend principalement de la collecte de l’eau pluviale pour ses approvisionnements en eau potable, et les barrages de ce pays de 12 millions d’habitants sont actuellement à un tiers de leur capacité seulement. Sans irrigation par les barrages, les agriculteurs n’ont d’autre choix que d’attendre les pluies qui se font rares ou de puiser dans une nappe phréatique surexploitée depuis des années.

  • La situation actuelle peut être mise sur le dos des conditions climatiques seules ?

Elle est plutôt aussi le résultat de la guerre en Ukraine et aussi de la dévaluation du dinar. La hausse des prix des matières premières agricoles et des engrais frappe aussi très sévèrement la production animale qui pâtit des effets combinés de la sécheresse, de la pénurie de fourrage et de la hausse des prix des aliments de bétail, conduisant ces dernières années à une baisse des effectifs du cheptel

  • Quel est l’impact de ce météo sur la production végétale et animale ?

La météo a joué beaucoup sur les prix de certains produits de large consommation. Si les températures continuent à grimper au-dessus des normales de saison, la situation pourrait se compliquer pour les mois à venir avec la réduction des superficies agricoles, des rendements des récoltes, flambée prévisible des prix et restrictions drastiques de l’usage de l’eau. Le déficit pluviométrique a entraîné l’endommagement d’une bonne partie de la superficie céréalière et de la baisse de la production arboricole. Le secteur laitier connaît une crise sans précédent qui menace la survie d’une filière au sein de laquelle les petits éleveurs occupent une place de premier plan. La flambée des prix des aliments de bétail importés, conjuguée à la baisse des productions fourragères, menacent la filière laitière.

  • La résolution de la crise agricole est -elle possible ?

La résolution de la crise agricole est toujours possible. Nous attendons une réunion avec le chef du gouvernement et le ministre de l’Agriculture pour présenter des propositions de l’UTAP visant à sortir de la crise. Le dialogue est nécessaire pour désamorcer la crise pendant qu’il est temps. Il faudrait plus de visibilité, de collaboration et d’écoute des agriculteurs. Le gouvernement doit être à l’écoute des fellahs et de leurs doléances. Nous souhaitons un bon accompagnement pour sortir de cette crise. La pluie est la bienvenue pour compenser le déficit accumulé. Il est encore temps, ça limiterait la casse. L’évolution de la campagne agricole dépendra, aussi, des conditions climatiques des prochains jours

M.S.





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