Faouzi Ayadi: «C’est la récession… acheter un bien immobilier devient du domaine de l’impossible» !!!
- Le nombre d’acteurs de la promotion immobilière est en train de diminuer et il ne reste que les grands professionnels parce qu’ils ont pu résister aux contraintes
- Les taux d’intérêt appliqués sur les crédits deviennent beaucoup plus chers aussi bien pour le promoteur immobilier que pour le particulier
- Il existe quelques éléments qui donnent l’espoir comme le report à 2025 de la TVA de 19% sur les ventes immobilières
- La hausse des loyers en 2023 était entre 8 et 15% alors que celle des ventes n’a pas dépassé la moyenne de 7 ou 8%
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – Dans son interview accordée à Universnews, le directeur général d’Invest Consulting et organisateur du salon de l’écoconstruction, Faouzi Ayadi a déclaré que le secteur de l’immobilier est entré en situation de récession depuis des années et que la situation actuelle n’apporte aucun élément positif permettant de relancer le secteur et de créer un nouveau dynamisme : « La vérité est qu’on se dirige vers une récession (…) le nombre d’acteurs de la promotion immobilière est en train de diminuer et il ne reste que les grands professionnels parce qu’ils ont pu résister aux contraintes, les moyens et les petits sont en veilleuse en attendant des jours meilleurs », a-t-il précisé.
Les prix exorbitants des terrains
Il a dans le même contexte indiqué que le secteur de l’immobilier se trouve aujourd’hui dans l’obscurité totale, pointant de doigt le prix exorbitant des terrains et des matériaux de construction et coût du crédit qui correspond à l’ensemble des sommes versées par l’emprunteur pour concrétiser son projet d’achat immobilier. Selon lui, les taux d’intérêt appliqués sur les crédits deviennent beaucoup plus chers aussi bien pour le promoteur immobilier que le particulier : « Acheter un bien immobilier ça devient de l’impossible pour tout le monde », a-t-il souligné.
Faouzi Ayadi a tenu toutefois à préciser que malgré cette complexité, il existe quelques éléments qui donnent l’espoir comme le report à 2025 de la TVA de 19% sur les ventes immobilières. C’est une mesure qui devrait donner aux promoteurs immobiliers qui ont des projets en cours une lueur d’espoir de pouvoir vendre leurs biens.
En 2023, les prix de location ont augmenté de 15% dans certaines zones
Il a par ailleurs indiqué, par rapport à la tendance des prix sur le marché de vente pour 2024, que les prix vont rester stables puisque la demande est très faible. « Il est difficile de voir une tendance haussière des prix durant cette année sauf si les prix des matériaux augmenteront de nouveau. En 2023, les prix de plusieurs produits ont considérablement diminué dont le verre, la brique et le fer dont le prix a diminué de 14% », a fait remarquer Ayadi, avant d’expliquer qu’il s’agit des indices importants qui aident à stabiliser les prix de l’immobilier.
Par rapport au marché de la location, il a assuré que les prix ont considérablement augmenté en 2023 et vont encore augmenter en 2024 faute de nouvelles offres. Il a estimé la hausse du loyer en 2023 entre 8 et 15% alors que la hausse par rapport aux ventes n’a pas dépassé la moyenne de 7 ou 8%.
Le volume des ventes et le nombre de projets immobiliers sont aussi en train de diminuer. De même, le nombre des autorisations pour les constructions aussi bien individuelles que collectives a dégringolé.
Il a par ailleurs expliqué que les gens qui devraient devenir propriétaires de logement n’ont pas pu quitter le marché de location parce qu’ils n’ont pas pu acheter un bien immobilier.
Selon lui, les prix de location dans certaines zones ont connu une hausse de 15%, une tendance haussière qui devrait se poursuivre en 2024 puisque le marché de la vente ne va pas changer, selon ses dires.
Pas de mesures de correction
Interrogé sur les solutions, Faouzi Ayadi a souligné que le secteur de l’immobilier n’a pas besoin aujourd’hui de mesures de correction, mais plutôt d’une réforme globale qui intègre tous les mécanismes en place dont le FOPROLOS, le programme du premier logement, le système de financement et le régime fiscal. « Nous devons donner une nouvelle dimension au FOPROLOS. De plus, c’est aberrant d’appliquer un taux d’intérêt de 11 ou de 12% sur les crédits immobiliers… C’est illogique surtout qu’en fin c’est le client qui va supporter cette hausse puisque le promoteur s’il achètera le terrain plus cher, il va facturer cette hausse sur le client», a-t-il dit.
Evoquant le programme du premier logement, Faouzi Ayadi n’a pas manqué d’exprimer sa déception du fait que tous les projets éligibles à ce programme sont loin du Grand Tunis ou installés dans des zones où la demande est très faible, appelant ainsi à revoir tout le secteur : «L’appauvrissement des fonctionnaires et des cadres moyens et la dégradation de leurs pouvoirs d’achat a atteint le point qu’un ingénieur espère aujourd’hui accéder à ce programme du premier logement. Les réformes partielles ne vont rien ajouter. C’est inutile surtout qu’on est entré dans la récession », a-t-il encore ajouté.